Une ville sous la ville

Une ville sous la ville

Il n’est pas rare de découvrir, dans une cave de Clermont, un mur romain ou bien de grands blocs de grès provenant de bâtiments publics construits vers le sommet de la butte au début de notre ère. A cette époque, la ville était installée sur un relief un peu plus escarpé qu'aujourd’hui. Des terrassements dans le tuf volcanique avaient été nécessaires pour implanter les constructions publiques et privées.

Détail de l’appareillage d’un mur romain
Blocs d’arkose gallo-romains en réemploi

La ville des siècles suivants s’est appuyée sur ces premières fondations. Celles-ci se sont trouvées petit à petit enfouies au premier sous-sol car on a, au cours du temps, déplacé de grandes quantités de matériaux pour adoucir les pentes et faciliter les accès au sommet de la colline.

Les murs gallo-romains sont très facilement identifiables :
un appareil de petits moellons et des lits de briques horizontaux.

La structure urbaine de Clermont se fige vers le XVe siècle. C’est l’époque où le grand rempart bloque, pour trois siècles, le plan trilobé de la ville historique. Ce rempart englobe dorénavant les anciens faubourgs du Port, de Saint-Pierre et Saint-Genès et les enserre autour de l’ancien cœur administratif de Bas –Empire. Pendant cinq siècles, la pression démographique entraîne la surélévation des immeubles de la ville du dessus. Simultanément, une ville du dessous s’agrandit par creusements successifs, d’autant plus intenses que l’activité économique est plus importante. Une ville se construit ainsi sous la ville et ses éléments les plus profonds sont souvent les plus récents.

La position des voûtes et des arcs gothiques laisse supposer que le sol actuel n’est pas à son niveau d’origine.
Ce chapiteau n’a pas été déplacé depuis le Moyen Age
Chapiteau médiéval : on y remarque les armoiries de Clermont.

Si nombre d'immeubles possèdent des éléments médiévaux, peu de bâtiments datent du Moyen Âge, beaucoup ayant été recontruits pendant les cinq siècles suivants, notamment lors de l'application des alignements de rue aux XVIIIe et XIXe siècles. Mais les caves n'ont jamais été "alignées". Relever soigneusement les sous-sols clermontois donne donc une bonne idée de l'organisation et de la volumétrie de la ville médiévale et bientôt de secteurs complets de la fondation gallo-romaine.

L'étude des caves de Clermont doit aussi tenir compte de la transformation topographique de la butte. Non seulement l'érosion naturelle a tendance à gommer le relief en abrasant les points hauts et en comblant les points bas, mais encore le transport des marchandises évolue du portage au roulage. A partir du XVIIe siècle, les pentes de la butte sont délibérément adoucies et les escaliers (gras) disparaissent.

Du moyen Age au XIXe siècle, de multiples transformations.
Le volume et la qualité de l’architecture enflamment l’imagination

La rue du Port est un exemple flagrant en quelques siècles : la partie haute de la rue est abrasée de l'équivalent d'un étage, alors que sa partie basse est comblée d'un étage.

Ainsi, de nombreux ouvrages, bâtis jadis en rez-de-chaussée, se retrouvent aujourd’hui au premier sous-sol. Des portes au chambranle moulurée, des chapiteaux historiés, L'étude des caves de Clermont doit aussi tenir compte de la transformation topographique de la butte. Non seulement l'érosion naturelle a tendance à gommer le relief en abrasant les points hauts et en comblant les points bas, mais encore le transport des marchandises évolue du portage au roulage. A partir du XVIIe siècle les pentes de la butte sont délibérément adoucies et les escaliers (gras) disparaissent. des voûtes élégantes, autrefois de plain pied, sont aujourd'hui plongés dans l'obscurité. De plus, la distinction entre la construction d'époque et la réutilisation plus tardive n'est pas toujours aisée. En effet, il est fréquent de rencontrer dans les caves, ici une colonne monolithe, là une petite fenêtre trilobée, ailleurs un corbeau sculpté, un chapiteau, tous éléments récupérés à l'occasion de démolitions en surface.

Illustration de Simone Vallet